La fiction climatique
« L’horizon de cette littérature n’est autre que le devenir de l’espèce humaine sur une planète en proie à la pollution, aux déchets, à l’exploitation intensive de ses ressources. La sensibilisation du grand public aux évolutions de l’écosystème a mis en avant la fragilité des équilibres qui valent à l’homme de régner sans partage sur un milieu qu’il bouleverse ». Christian Chelebourg (spécialiste de la littérature du XIXème siècle et de l’imaginaire).
Publié le 03/07/2020
La fiction climatique : présentation
La Climate fiction ou Cli-Fi se classe dans la catégorie des littératures de l’imaginaire, elle est un sous genre de la Science-fiction. Elle propose des récits plutôt apocalyptiques traitant du changement climatique. Le point commun des œuvres de Cli-Fi est le lien direct qu’elles tracent entre activités humaines et changements climatiques.
Le terme Cli-Fi a été inventé en 2008 par le journaliste américain indépendant Dan Bloom. Son objectif était double :
- contrebalancer les discours des climato-sceptiques américains qui défendaient l’idée que le changement climatique n’était qu’une fiction,
- « proposer un outil, une expression pour les médias, les journaux, les sites web, afin de signaler aux lecteurs et aux critiques que le thème du climat dans les romans contemporains méritait une attention particulière ».
- Alerter le public sur la gravité des crises environnementales en les intégrant à des récits.
- Dénoncer la surexploitation de la nature et l’absence de réaction adaptée face aux changements climatiques.
- Exposer l’ampleur de la crise environnementale et civilisationnelle pour mobiliser les consciences.
Cette mise en récit des risques liés aux conséquences des activités humaines sur le climat doit permettre de toucher un plus large panel de la population.
Comme l’écrit Cyril Dion, écrivain, réalisateur, cofondateur du mouvement Colibris et de la revue Kaizen, pour que les gens prennent conscience de l’urgence climatique, il est essentiel de leur proposer « un récit de ce que pourrait être un monde véritablement écologique. Or l’imaginaire, les histoires sont très certainement le carburant le plus mobilisateur pour les êtres humains. […] c’est au moyen d’histoires que nous, êtres humains, donnons du sens à notre monde, apprenons des valeurs, façonnons nos croyances et donnons une forme à nos pensées, nos rêves, nos espoirs et nos peurs ».
Pour aller plus loin
France Culture : Les fictions climatiques vont-elles sauver la planète ?
Emission du 18 janvier 2019, en présence Enki Bilal, Cyril Dion et Anne-Catherine Prévot, animé par Olivia Gesbert (34 min).
Des auteurs de fiction climatique
Des auteurs de Cli-Fi avant l’heure ?
(1930-2009), écrivain de Science-fiction et d'anticipation sociale britannique.
Ses premiers romans décrivent de manière très réaliste des cataclysmes planétaires dus au vent, à l’eau, au feu et à la glace : Le Vent de nulle part, (The Wind from Nowhere, 1962), Le Monde englouti, (The Drowned World, 1962), Sécheresse, (The Burning World, 1964), et La Forêt de cristal, (The Crystal World, 1966). Source : Ballard, écologiste, malgré lui. L’homme face à la nature dans The Drowned World et The Drough. Hervé Lagoguey. In Ecofictions & Cli-Fi.
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(1952 -…), auteur américain de romans et nouvelles de Science-fiction.
L’auteur est un nostalgique d’une nature intacte, pourtant il s’ingénie dans son œuvre à la menacer, à la détruire. Cette destruction peut provenir soit de promoteurs, capitalistes sans scrupules, soit de cataclysmes « naturels » ou « nucléaires ». Mais pour cet auteur, malgré la destruction de la nature, il reste toujours un Ailleurs. |
(1939 -…), une romancière, poétesse et critique littéraire canadienne
La Trilogie Le Dernier Homme est paru dans les pays anglo-saxons entre 2003 et 2013 (Oryx and Crake, 2003 ; The Year of the Flood, 2009 et MaddAddam, 2013). En France, les éditions Robert Laffont publie Le dernier homme en 2005, puis en 2012, Le Temps du déluge et en 2014, MaddAddam. |
Des voix nouvelles
Ecrivain américain né en 1972
Interview de Paolo Bacigalupi du 21/02/2018 autour de son roman Water Knife, au Diable Vauvert, 2016 |
Ecrivain français né en 1956
Découvrez la réponse apportée par Jean-Marc Ligny à la question : A quoi sert un romancier dans le cadre du changement climatique ? |
Ecrivaine norvégienne née en 1975
L’auteur s’est lancé dans l’écriture d’une quadrilogie écologique. Les deux premiers tomes sont parus : |
Pour aller plus loin, plus de titres adultes
Pour les ados et jeunes adultes : focus sur deux auteurs
Dans une interview diffusée sur France Culture, Jérôme Leroy et Vincent Villemot se sont penchés sur les manières de raconter l’effondrement aux jeunes lecteurs.
Né en 1964, écrivain français de romans policiers, de poésie et de romans pour les jeunes.
Interview de l’auteur |
(1952 -…), auteur américain de romans et nouvelles de Science-fiction.
Les pluies : série en deux tomes avec des trailer qui donnent envie de la découvrir |
Autres sélections pour les adolescents et jeunes adultes
Des fictions climatiques à écouter en ligne
France culture. Une série de Cyril Legrais et Juliette Rose, réalisée par Baptiste Guiton, en association avec la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques). (10 épisodes entre 8 et 16 min)
Résumé : Après la catastrophe, deux mondes s’affrontent pour leur survie... Depuis la montée des eaux, l’océan sépare l’élite financière, recluse dans une cité immergée, des laissés-pour-compte de la surface. Marin, élevé à l’air libre, découvre qu’il aurait dû grandir dans les abysses. Il doit désormais choisir entre ses origines et sa famille d’adoption.
France inter. Une fiction écrite par François Luciani et réalisée par Juliette Heymann. (54 min)
Des fictions climatiques à lire en ligne
Contexte : A l’occasion de la COP 25, le quotidien Libération a publié, entre le 9 et le 13 décembre 2019, une série de six courts récits d’anticipation de six écrivains dont la thématique commune est la neutralité carbone.
«La COP 53» Antoine Jacquier
Résumé : La COP 53 de l’écrivain suisse Antoine Jacquier résonne avec une fiction climatique notoire : Bleue comme une orange de Norman Spinrad publié en 1999. La COP 53 est un court récit qui donne à voir une (énième) Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, mais celle-ci est particulière, car la neutralité carbone est atteinte, et que, parallèlement à cet évènement historique le procès d’activistes pro-climat s’ouvre. Ces derniers surnommés “Brigades vertes” sont accusés d’avoir assassiné et séquestré plus d’une centaine de responsables politiques afin de mettre la pression sur les élus et législateurs pour agir face à la fragilisation des écosystèmes et au dérèglement climatique.
Les sources
Cyril Dion. Petit manuel de résistance contemporaine. Actes Sud, 2018.
Livres Hebdo :
- 8 romans de cli-fi à suivre par Nicolas Turcey le 04/03/2019
- Littérature : la vague « cli-fi » par Clotilde Raveil le 01/03/2019
Galaxies – Science-Fiction.
Environnement : Presque déjà la fin ? Nouvelle série – n°52. Janvier 2018
Ecofictions & Cli-Fi. L’environnement dans les fictions de l’imaginaire. Christian Chelebourg (dir.) Editions universitaires de Lorraine. 2019.